source du document ( http://www.arctradionly.com par foudarme )
La méthode des futs nus reste l'un des meilleurs compromis pour régler un arc tradi. Elle repose sur le principe selon lequel l'empennage corrige un grand nombre d'erreurs qui
n'apparaissent pas de façon évidente lorsque l'on tire des flèches empennées à courte distance. En revanche ces dernières apparaissent de façon dramatique (pour un chasseur) dès lors que l'on
tire ces mêmes flèches sans plumes (assez rare quand même!), loin, avec lame ou plumes mouillées ce qui, bien évidemment, n'est pas acceptable surtout pour un chasseur.
Toutefois dans son utilisation elle m'est apparue, au regard de mes propres aptitudes de tireur, comme insuffisante à bien des égards, ce qui m'a poussé à développer parallèlement la mise
en œuvre de techniques complémentaires. Et c'est en combinant les unes aux autres que je suis parvenu à de bien meilleurs résultats tout en constatant que ma décoche n'était pas systématiquement
ce foutu bouc émissaire que je croyais être.
Il me semble loin désormais le temps où je me serais contenté de traduire ce que quelqu'un d'autre aurait pu écrire (et ceci pour faire un clin d'oeil à un autre post que j'ai pu écrire sur
un autre support, il y a 4 ou 5 ans) !
I) la méthode des futs nus:
a) notions préliminaires:
Lorsque l'on règle un arc, trois éléments sont à prendre en compte:
- le détalonnage: c'est la hauteur du point d'encochage sur la corde. Cette valeur est personnelle car elle dépend du spine dynamique du projectile tiré
qui lui même dépend de la rigidité statique puis dynamique du projectile ainsi que de la façon de décocher. Elle dépend également du diamètre de fut. En effet, on comprend bien que ce point ne
pourra donc pas être le même selon que l'on tire un fut de 5 ou 8mm de diamètre. Dans un même ordre d'idée, un changement de gant de tir, de tapis d'arc ou de corde peuvent tout autant l'affecter
et imposer de le revoir. Mal ou dé-réglé, le détalonnage produit du marsouinage durant le vol de flèche:
- le spine dynamique du projectile: lorsqu'elle quitte l'arc, la flèche entame un cycle d'ondulations/déformations latérales que l'on appelle le
paradoxe. Ces ondulations doivent être en phase avec le franchissement de la fenêtre de tir car si ce n'est pas le cas, le tube viendra butter contre cette dernière et rebondir dessus. Dans ce
cas beaucoup plus fréquent qu'on ne le pense, l'arc fait plus de bruit à la décoche mais peut tout à fait présenter un vol de flèche harmonieux (restauré par l'action de l'empennage) et tout
spécialement, d'ailleurs, sur les arcs à tendance centershot qui présentent des exigences (liées au franchissement de la fenêtre de tir) bien moins importantes. Le bon spine dynamique c'est donc
celui qui conjugue une rigidité adaptée aux contraintes engendrées par la propulsion mais aussi un niveau optimal de déformation du tube lorsqu'il s'agit de contourner/franchir la fenêtre de
tir.
- la clearance ou sortie de flèche: la clearance dépend avant tout du spine dynamique tel que nous venons de l'expliquer ci-dessus mais également des
différents éléments qui peuvent venir la perturber: empennage qui butte contre le tapis d'arc ou contre le devers de la fenêtre de tir; tapis d'arc inapproprié; erreurs de décoches, etc...bref de
tous les "périphériques".
chacun de ces trois éléments peut plus ou moins se régler grâce à la méthode des futs nus.
b) le principe de la méthode:
La méthode est basée sur l'interprétation des différences constatées en cible entre les groupements obtenus à partir de futs nus et empennés (que l'on appellera donc flèches). Ces
projectiles doivent êtres similaires et, bien évidemment, tirés par le même couple arc/tireur à la même distance.
Ces différences, plus ou moins perceptibles durant le vol, s'interprètent, non pas au regard de leur vol proprement dit (et de ce que l'on en perçoit) mais au regard des résultats que
produisent les projectiles en cible. Pour ce faire, on compare les groupements obtenus par les uns et par les autres et on en tire des conclusions grâce à une grille de lecture
universelle.
Seule exigence: pour que la méthode soit productive, il est impératif de tirer exactement la même configuration en fut nu ou empenné. Même configuration cela signifie: même spine statique,
même diamètre de fut, même longueur de fût, mêmes encoches, mêmes inserts, mêmes pointes. Le seul élément qui change c'est l'empennage présent sur la moitié du lot à tester. Chaque flèche de ce
lot pèsera donc environ 15gr de plus que les futs nus, soit 3# de rigidité dynamique en plus, c'est la seule différence notable.
c) mise en oeuvre de la méthode:
Après avoir sélectionné avec le calculateur de Letub le fut qui semble le plus approprié aux exigences de l'arc (puissance, rendement, nature de la corde, géométrie de la fenêtre de tir),
de sa propre morphologie (qui détermine l'allonge) et de ses desiderata particuliers (FOC/EFOC; diamètre et poids du fut en gpi), il convient de monter 3 futs nus et 3 flèches empennées
rigoureusement comparables.
On se met alors à 15 mètres de l'objectif et on tire les 6 projectiles dans le désordre sans se soucier de distinguer les futs nus des flèches (car le subconscient joue bien des tours dans
la mise en œuvre de cette méthode. Il est donc capital de gommer tout élément d'information susceptible de le conditionner).
Une fois tirée la première volée, on compare les résultats obtenus en comparant les groupements formés par les flèches et futs nus. Le but consiste à obtenir la plus étroite convergence
entre les groupements.
Durant les volées, si l'un des tirs est identifié comme mauvais, non pas au regard de son résultat mais au regard de la qualité de la décoche ou de la visée, il faut l'invalider et le
rejouer sans état d'âme... si toute la volée semble sujette à caution, il faut la refaire également; si l'on sent qu'on n'est pas dans un grand jour, il faut remettre la séance à plus tard; si la
séance s'éternise pour cause de résultats difficilement interprétables, il faut l'interrompre et remettre au lendemain; sur certains arcs, il faut plusieurs jours de travail, car au fur à mesure
des volées, la décoche devient de plus en plus propre et de moins en moins proche de ce qu'elle serait en temps normal...il en va parfois de même pour l'allonge...dans ce cas, assez fréquent, il
faut s'arrêter et remettre à une autre séance...il est souvent dur voire frustrant de s’arrêter au milieu de l’exercice mais il n'y a pas d'autre alternative... s'entêter, c'est prendre le risque
de voir voler lamentablement le lendemain ce qui la veille volait parfaitement bien, ça m'est arrivé tellement de fois que maintenant je stoppe dès l'apparition des premiers symptômes (surallonge
et décoche anormalement soignée en ce qui me concerne)...en gros, si après 60 flèches (10 volées) vous n'avez pas finalisé votre réglage, il faut l'ajourner.
Interprétation des résultats:
- point d'encochage trop bas: les futs nus groupent au dessus des flèches, encoches vers le bas.
Action: monter le nock set.
- point d'encochage trop haut: les futs nus groupent au-dessous des flèches, encoches vers le haut.
Action: baisser le nock set.
- tube trop rigide (tireur droitier): les futs nus groupent à gauche des flèches.
Action: augmenter le poids de la pointe (+5gr = -1# de spine dynamique) / utiliser un tube plus long (+ 1" au delà de 28"= -5# de spine dynamique) /
choisir un spine statique inférieur / mettre une corde plus performante / rajouter un peu de band.
- tube trop souple (tireur droitier): les futs nus groupent à droite des flèches.
Action: diminuer le poids de la pointe (-5gr = +1# de spine dynamique) / raccourcir le tube (- 1" au delà de 28" = +5# de spine dynamique) / choisir un
spine statique supérieur / baisser le band.
La rubrique action, donne les indications que le tireur peut/doit mettre en œuvre. Toutefois toutes n'ont pas la même influence ni la même importance: ainsi l'action sur le band ne permet
que de micro ajustages au niveau du spine dynamique; à contrario, celle sur le poids de pointe produit des résultats spectaculaires. A ce titre, et sauf à rechercher un FOC très spécifique, il
faut rester prudent.
L'apparition de l'EFOC a vulgarisé la disponibilité des pointes lourdes en 175, 200, 250, 300 et 315gr. Ce sont des outils précieux pour qui souhaite obtenir des indications rapides. Mais
les utiliser sert surtout à obtenir des indications. Sauf à le rechercher expressément, mieux vaut passer, par exemple, du 300 (105# de spine statique) au 400 (78# de spine statique) plutôt que
de se voir rajouter 160gr (32# de spine dynamique) à une pointe qui en faisait déjà 140gr pour subir au final une pointe de 300gr. Car tirer en EFOC amènera d'autres contraintes (qualité de la
décoche) qui nécessiteront que ce choix soit murement réfléchi.
En tout état de cause, les modifications apportées s'effectuent progressivement; les unes après les autres et sur l'ensemble des projectiles (futs nus et
empennés). Il est fortement déconseillé d'opérer plusieurs modifications à la fois sous peine de s'y perdre très rapidement sauf à être particulièrement rompu aux subtilités de
l'exercice.
Attention, par ailleurs, à ne pas s'acharner non plus à régler le détalonnage de façon très (trop) précise dès le début. Avec un spine dynamique encore inadapté ce serait complètement
absurde. Il faut donc commencer simplement par le dégrossir en guise de première étape. Puis une fois que c'est fait, il faut ensuite travailler sur le spine dynamique. Le réglage fin du
détalonnage ne se fait définitivement qu'une fois que le bon spine dynamique a été trouvé. Un fut qui se plante avec une encoche qui reste contenu dans un plan horizontal produira déjà une
excellente indication sur la viabilité du détalonnage.
Une fois que l'arc est correctement réglé, les perfectionnistes pourront recommencer l'exercice avec leurs lames, en comparant dorénavant 3 flèches en pointes field et 3 flèches enlamées.
J'avoue ne l'avoir jamais fait de la sorte. 3 flèches enlamées, à 15 mètres, c'est le meilleur moyen pour en envoyer une ou deux au tapis, ça m'est arrivé pas plus tard qu'il y a 3 jours alors
que je tirais deux lames coup sur coup. Pour les réglages, je prends, moi, une seule flèche enlamée que je tire plusieurs fois de suite jusqu'à pouvoir comparer son groupement moyen à celui des
flèches en pointe field. Les comparaisons/corrections se font exactement de la même façon que s'il s'agissait de futs nus et de flèches. Sauf que désormais, on considèrera simplement que le fut
nu est le fut enlamé; la flèche en pointe field restant l'élément de référence donnant le groupement de référence. Les modifications en faveur des flèches enlamées sont alors à effectuer
exactement dans le même sens que si elles n'avaient été que de simples futs nus.